mercredi 30 mai 2012

Série « A qui la faute ? » de Ryan Fakih

Petite entorse à la vocation de ce blog, j’aimerai écrire sur le Sénégal. En effet après l’article sur le cinéma malien, place aux séries du pays de la Teranga !

 C’est en réalité le premier épisode de la série « A qui la faute ? » de Ryan Fakih qui me pousse à écrire.  L’épisode en question est particulièrement bien réalisé et, chose plutôt rare dans une série, il délivre un message politique fort.



Mais revenons sur la genèse de « A qui la faute ? ».
Une partie de la jeunesse sénégalaise milite pour l’éveil des consciences dans le pays et la mise en place de réformes. Ce mouvement a pris de l’ampleur au moment des élections présidentielles de 2012, ou en tout cas a été plus relayée par la presse internationale à cette période.
Pour rappel, le président Abdoulaye WADE n’était pas autorisé –selon la constitution – à se présenter une troisième fois aux élections. Toutefois, après « négociations » au plus haut niveau, ce dernier a pu se présenter en toute légalité…et a même accédé au second tour des élections. Les sénégalais sont alors descendus dans la rue et ont finalement obtenu ce changement politique tant espéré : Macky SALL, opposant de longue date de WADE fut élu. Une page de l’Histoire du pays s’était tournée.
Un collectif s’est particulièrement illustré depuis 2011 dans sa lutte pour le changement, les bien-nommés « Y’en a marre ».  Les leaders du mouvement ne sont pas issus de la classe politique traditionnelle[1], au contraire ils vivent dans les quartiers populaires de Dakar et rêvent de bâtir le « NTS », soit le Nouveau type Sénégalais.

 Quel est le rapport entre la série « A qui la faute ? » et le collectif me direz-vous ?
Et bien la série est directement inspirée de leurs idées et mieux encore certains des acteurs de la série sont en réalité des membres phare du mouvement.

Dans ce premier épisode de 16 minutes, ce sont tous les problèmes quotidiens des sénégalais qui sont présentés. Filmé entièrement dans les rues de Dakar, la série dénonce le cercle vicieux dans lequel s’est engouffré le Sénégal et pose une question finale dérangeante : « à qui la faute ? ».

A chacun son libre arbitre pour tenter d’y répondre…

Extrait d’une interview du réalisateur, Ryan Fakih :
« Le mouvement ‘‘Y’en a marre’’ incarne une certaine idéologie. Le film dénonce une corruption qui fait qu’une personne peut en pâtir sans en être directement responsable. […] Nous voulons créer un déclic chez certaines personnes et susciter une prise de conscience. »
Extrait d’un article de Slate Afrique sur la série :
« Les membres du mouvement ‘’Y’en a marre’’ comme Samba Souba Sarr, qui a joué le rôle du commissaire dans le film et Mactar Pouye, celui de l’inspecteur, soulignent que leur participation au tournage était une manière de s’engager visuellement à promouvoir le nouveau type de Sénégalais, que le mouvement cherche lui-même à valoriser.
Le court métrage met en scène plusieurs personnages aux parcours différents mais dont les actes isolés et sans conséquences forment un tout. Un policier intègre se voit sanctionné par sa hiérarchie. Un demandeur d’emploi peine à trouver du travail. Un chauffeur de clando néglige sa visite technique… Des situations banales dont les conséquences vont s’avérer dramatiques. »

[1] J’entends par ‘classe politique traditionnelle’ les élites formées dans les plus grandes écoles occidentales (souvent françaises, américaines ou britanniques) qui reviennent dans leur pays d’origine pour faire – de très longues - carrière en politique.

mardi 29 mai 2012

Camp Kangaba


Le camp Kangaba est situé dans un parc d'une quinzaine d'hectares en banlieue de Bamako. Il est devenu notre moyen de décompression favori, la qualité du cadre proposé et sa proximité avec la capitale étant idéals.
L'une des cases / chambres d'hôtel
Manger de bons plats, se détendre autour de la piscine, faire de la randonnée, du kayak ou même...acheter des meubles et des vêtements sont autant de bonnes raisons de se rendre au camp Kangaba.

La philosophie l'endroit est simple: consommer local, dans le respect de l'environnement. C'est en tout cas de cette manière qu'ils communiquent.


Mon âme de hippie refoulée est donc doublement conquise et je m'y rend régulièrement.
Lien vers le site: www.kangaba.com

vendredi 25 mai 2012

25 mai, Fête de l'Afrique

Aujourd’hui est un jour férié au Mali, comme dans la plupart des pays africains. Ce jour a été choisi comme celui où les différentes nations du continent, au-delà de leurs calendriers respectifs, commémorerai leurs luttes pour l’indépendance et rendrai hommage aux combats menés.
Pourquoi le 25 mai ? En souvenir de la signature de l’acte de création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), le 25 mai 1963 à Addis Abeba en Ethiopie.

La Charte de l’OUA comporte un préambule et 33 articles qui définissent les objectifs poursuivis, les principes et les institutions de l’OUA. Les résolutions adoptées concernent alors principalement la lutte contre l’apartheid et celle des mouvements de libération dans les colonies portugaises.
Pour rappel, en 1963 tous les pays du continent n’avaient pas encore obtenu leur indépendance et l’Afrique du Sud était encore divisée.

[ Pour rappel, l’Apartheid est devenu anticonstitutionnelle en Afrique du Sud…en 1991. Je conseille d’ailleurs vivement d’aller explorer ce site internet : http://archive.nelsonmandela.org. On y trouve de nombreuses archives retraçant la vie et la lutte de Nelson Mandela. Passionnant. ]


Le dernier sommet de l’Organisation de l’Unité Africain a eu lieu en juillet 2001 à Lusaka en Zambie. Une quarantaine de chefs d’Etats s’étaient alors réunis pour ce 37ème rendez-vous de l’organisation. Ce sommet fut marqué par la naissance de l’Union Africaine, en effet les objectifs de l'ancienne OUA ont été atteints: les indépendances ont été conquises et l'Apartheid est mort. 

L'acte constitutif  de la toute nouvelle organisation préconise la mise en place d’actions moteur de développement et de l'intégration de l'Afrique dans la danse mondiale à tous les niveaux: économique, politique et culturel.


HYMNE DE L’UNION AFRICAINE

 Unissons-nous tous et célébrons ensemble
Les victoires remportées pour notre libération
Engageons-nous et levons nous comme un seul Homme
Pour défendre notre liberté et notre unité

O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’arbre de Vie

Unissons-nous tous et chantons en chœur
Pour maintenir les liens qui déterminent notre destin
Consacrons-nous tous au combat
Pour une paix durable et la justice sur terre

O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’Arbre de Vie

Unissons-nous tous et travaillons dur
Afin de donner le meilleur de nous-même à l’Afrique
Berceau de l’humanité et source de culture
Notre fierté et notre espérance au point du jour

O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’Arbre de Vie

lundi 21 mai 2012

Le cinéma malien

Le cinéma africain a de beaux jours devant lui, et de nombreux réalisateurs talentueux nous font découvrir leur pays sous un angle inédit.


Les pays les plus dynamiques dans le domaine sont l’Egypte, le Nigéria et le Maroc. Les studios égyptiens produisent de nombreuses séries, diffusés principalement au Maghreb et au Moyen Orient tandis que Nollywood, le Hollywood nigérian, est depuis 2009 la deuxième puissance cinématographique du Monde en termes de films réalisés avec quelques 2000 films produits annuellement, et 150 millions de spectateurs. Il dépasse même les Etats-Unis (!) et seconde l’Inde….et oui à chaque continent son laboratoire !
Dans cet article, nous allons nous pencher sur le cinéma ouest africain, et plus particulièrement sur le cinéma malien.
Les cinéastes de ce grand pays désertique traversé par le fleuve Niger, loin de bénéficier de la fortune du cinéma nigérian, sont pourtant déjà largement reconnus. Souleymane Cissé, Adama Drabo et Cheick Oumar Sissoko ont ainsi tous reçu des distinctions au Festival de Cannes et dans bien d’autres rencontres internationales du film. Ces derniers traitent des tabous de la société malienne ; ils dénoncent, racontent, rêvent…et nous transportent dans leurs univers.
Le cinéma malien est né à l’indépendance du pays en 1960. Dès lors il est le miroir de la société et analyse, voir dénonce, les différents régimes politique à l’instar du film « Toiles d’araignée » d’Ibrahima Ly qui revient sur la dictature militaire des années 1970.
Les maliens vont faire du 7ème art un contre-pouvoir, il leur permet d’affirmer leur indépendance et de marquer leur volonté de changement. Changement politique avec le refus des régimes autoritaires (« Yeleen » de Cissé), changement sociaux avec la revendication du droit des femmes (« Tafé Fanga, le pouvoir du pagne » de Drabo), ou encore changement économique avec la vive critique du Fond Monétaire Mondial dans « Bamako » d’Abderrahmane Sissako.
Mais découvrons ensemble quelques-uns des cinéastes maliens les plus prolifiques :

Souleymane Cissé
Eléments biographiques :
Cinéaste malien né le 21 avril 1940 à Bamako, Souleymane Cissé est passionné de cinéma dès son enfance. Il obtient une bourse pour suivre ses études de cinéma à l’Institut des Hautes Etudes Supérieures de la Cinématographie de Moscou et s’envole pour la Russie. Il en sort diplômé en 1969.


Cissé est l’un des réalisateurs maliens les plus connus, notamment grâce à son film « Min Yé », sorti en 2009 et présenté au Festival de Cannes la même année. Ce film traitant de la polygamie, de l’adultère et de la relation homme/femme rencontre un vif succès. Mais «Min Yé » dérange, et pour l’anecdote son ami Martin Scorsese (oui madame !) aurait fait remarquer à Souleymane Cissé que son film gênait. Ce dernier se serait alors esclaffé et lui aurait répondu « et ton film, La Tentation du Christ, il était dérangeant aussi non ? »


Focus film :
En 1975, Cissé réalise son premier long métrage, en bambara, « Den Muso (La Jeune fille) » à propos d’une jeune fille muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du père de l’enfant qui refuse de le reconnaître.
Souleymane Cissé a ainsi expliqué sa démarche : "J’ai voulu exposer le cas des nombreuses filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole". Non seulement le film est interdit par le ministre malien de la culture mais Souleymane Cissé est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation qu’en 1978.



Cheick Oumar Sissoko
Eléments biographiques :
Cinéaste et homme politique malien, né en 1945 à San, il ira faire ses études en France. Étudiant à Paris, Cheick Oumar Sissoko obtient un DEA d’histoire et sociologie africaine et un diplôme de l’École des hautes études en sciences sociales, en histoire et cinéma. Il suit ensuite des cours de cinéma à l’École nationale supérieure Louis-Lumière.
De retour au Mali, il est engagé comme réalisateur au Centre national de la production cinématographique (CNPC). Son premier film, « L’école malienne » sortira en 1982.


Focus film : « La Genèse », sorti en 1999
Prix RFI Cinéma du public au Fespaco en 2001



Sadio Simaga
Eléments biographiques : Diplômée en sociologie, Sadio Simaga commence le cinéma en tant que figurante dans des films puis elle est recrutée comme script par le réalisateur malien Boubacar Sidibé sur le plateau de tournage du film « Les rois de Ségou ».
Depuis la réalisatrice malienne a fait ses preuves. En effet le court métrage « Les 50 ans du cinéma en Afrique de l’Ouest » a été sélectionné en 2011 au Festival de Cannes et la réalisatrice a remporté de nombreuses récompenses en Europe et en Afrique pour l’ensemble de son œuvre.


Focus film : A travers le documentaire "Les 50 ans du cinéma en Afrique de l'ouest" des acteurs du 7ème art s'interrogent sur le bilan exhaustif d'un cinéma ouest africain en manque de soutien financier et d'appui politique, tout en gardant espoir en l'avenir.
Extrait du film "Les 50 ans du cinéma en Afrique de l'Ouest"


Abderrahmane Sissako
Eléments biographiques :
Abderrahmane Sissako est né en Mauritanie, pourtant très tôt sa famille émigre au Mali, pays dans lequel il grandira.A partir de 1983, il suit à Moscou les cours du célèbre VGIK, l'Institut fédéral d'Etat du cinéma, où il finalisera ses deux premiers courts métrages : « Le jeu » et « Octobre ». Ce dernier film sera d’ailleurs présenté en 1993 dans la section "Un certain regard" du Festival de Cannes.
En 1998, dans le cadre de la collection "2000 vu par?", il tourne « La Vie sur Terre », où il interprète lui-même un cinéaste vivant en France et qui, à la veille de l'an 2000, part pour Sokolo, le village malien où vit son père.
Sélectionné dans nombre de festivals internationaux et notamment à Cannes où il obtient le prix de la critique internationale, le film reçoit également l'Etalon de Yennenga du Fespaco de Ouagadougou ainsi que le Grand Prix de la Biennale des cinémas arabes de Paris.


Focus film : En 2006, dans la maison de son père au Mali, il tourne « Bamako », où il met en scène un procès des institutions internationales face aux injustices que subit l'Afrique. Sélectionné hors compétition au Festival de Cannes 2006, ce film a obtenu le Grand Prix du Public aux Rencontres Paris Cinéma.


Malgré la profusion de talents, les réalisateurs maliens font face à de nombreux problèmes, et notamment au manque chronique de moyens. Faire un film coute (très) cher et il est difficile de trouver des financements.
Toutefois le centre national du Mali (CNCM) dispose de matériel technique et de techniciens spécialisés. Il est dynamique et soutient les réalisateurs dans leurs projets. Les nouvelles technologies numériques permettent également de faire des métrages de meilleure qualité à moindre cout, favorisant la créativité malienne.


Autre problème au Mali, l’accès à la culture. Il n’y a pratiquement plus de salles de cinéma dans le pays, à Bamako seul le cinéma Babemba et le centre culturel français diffusent régulièrement des films.
Cheick Oumar Sissoko nous dit ainsi : «Ce n’est plus un art, un loisir que l’on va chercher, que l’on va admirer dans les salles de cinéma, parce qu’elles n’existent pas. Le public doit avoir cette exigence de voir les films. Ils leurs permettent de voyager, d’aller à l’encontre de l’autre. En même temps, nos films africains nous permettent de mieux comprendre notre continent, et de mieux connaître les façons de vivre de nos sociétés. Il faut que les africains militent pour avoir des salles de cinéma. Les films vus sur le petit écran son complètement, différents lorsqu’on les voie sur les grands écrans. C’est une occasion de sortir, de discuter avec les gens, de se frotter aux autres et de mieux renforcer la diversité culturelle de notre pays. Il faut que le public nous soutienne en allant voir ces films dans les salles de ciné, et qu’il arrête de payer les films piratés. »[1]

Retrouvez cet article sur le blog d'Out Of The G, association française de production et de diffusion d'oeuvres audiovisuelles. http://outoftheg.wordpress.com/2012/05/24/le-cinema-malien/

[1] Source : Journaldumali.com http://www.journaldumali.com/article.php?aid=564

vendredi 18 mai 2012

Tiken Jah Fakoly

Hier je suis allée dans le bar de Tiken Jah Fakoly à Bamako, le club Radio Libre.

Tiken Jah est un des chanteurs de reggae francophone les plus connus dans le Monde, sinon LE plus connu. On voit son visage partout à Bamako: sur les SOTRAMA (transports en commun maliens), les boutiques, les vêtements...etc.

Club Radio Libre
Tiken Jah a été obligé de fuir son pays d'origine, la Côte d'Ivoire, en 2003 à cause de ses textes engagés. Les dirigeants de l'époque ayant la menace facile, il a préféré mettre les siens à l'abri et s'exiler au Mali quelques temps.
Il n'a pu retourné en Côte d'Ivoire qu'en 2008 et a donné pour l'occasion un grand concert dans le stade d'Abidjan, afin de marquer la fin de ses 5 ans d'exil.

Aujourd'hui il vit entre Bamako et Abidjan, mais réside une bonne partie de l'année dans la capitale malienne. Il y donne d'ailleurs (très) régulièrement des concerts! Tellement souvent que quand nous y sommes allés il y avait à peine cent personnes pour le voir! Pour une star qui remplit des stades d'habitude, on peut dire que c'est un show privé!! Un bon moment de musique.

Une des phases marquantes du concert à été la modification de quelques couplets de son tube "Mon pays va mal".
"Le Mali va mal, le Mali va mal....avant on ne parlait pas de Nordistes ou de Sudistes, mais aujourd'hui ils ont tout gâté! L'armée est divisé! Les étudiants sont divisés! Même nos mères au marché sont divisées! [...]"
.



Un appel à la réconciliation

samedi 12 mai 2012

Wax Passion

Le wax est associé à l'Afrique, c'est en effet avec ce tissu que sont confectionnés boubous et autres pagnes.

Le wax n'est pourtant pas un tissu traditionnel africain. Il a su se faire une place dans la garde robe des africain(e)s grâce à sa grande variété de motifs et à sa facilité à suivre les modes des pays.



Le wax se vend généralement par pièce de 5,50m. Imprimé des deux côtés grâce à un système de cire ils sont produits principalement en Europe et aux Etats-Unis.

"Certains récits sur l’histoire de ce tissu expliquent que ses origines sont indonésiennes. A la fin du 19ème siècle, des colonisateurs anglais et hollandais s’inspirent du batik javanais, qui est teint avec l’aide de cire - un procédé permettant de mieux fixer les couleurs. Les Européens reprennent cette méthode (d’où le nom « wax », « cire » en français) et impriment sur l’étoffe des motifs très colorés qui séduisent les Africains.
L’idée aurait en premier lieu plu aux soldats ghanéens qui combattent pour la force coloniale hollandaise, qui convoite Java, Bornéo et Sumatra. Des Africains de cette même origine, qui sont postés dans ces îles pour travailler dans des commerces hollandais, auraient aussi flairé la bonne affaire. A l’heure du départ, ils rentrent chez eux les valises pleines du nouveau tissu. L’occasion de constater que leur intuition était juste : les couleurs vives et les dessins plaisent beaucoup.

Les fabricants européens exportent alors vers le Ghana, qui devient le détenteur du marché dans tout l’Ouest de l’Afrique. « Une compagnie hollandaise qui avait des comptoirs en Afrique a envoyé du wax au Ghana. Les gens étaient vraiment très intéressés. Les commerçants des alentours se rendaient même à Acrra pour s’approvisionner », explique Yao Ahiaba, directeur de CTD Togo, filiale de la société anglaise ABC Wax.

 A chaque évènement son pagne, et les wax Obama sont partout!

La fin de l’hégémonie du pays est signée par le Président Kwame N’Krumah. « Dans les années 60, il a fait construire une usine de textile et mis en place des droits de douanes prohibitifs pour les exportateurs de wax européens. Dans ce contexte, ils ne pouvaient plus vendre leurs produits. Ils se sont alors tournés vers les commerçants togolais, qui ont accepté », poursuit Yao Ahiaba. La frénésie s’étend progressivement le long de la côte Atlantique et pénètre en Afrique Centrale jusqu’à la République Démocratique du Congo (RDC).
Les compagnies de wax hollandaise, asiatiques ou anglaises, font une concurrence de taille aux petites productions locales. Elles déjouent leurs lacunes, comme la longueur des productions et leur coût élevé, en produisant rapidement et meilleur marché grâce aux économies d’échelles. Selon So Wax, ce marché compte une population de plus de 120 millions d’Africains, dont les Nigérians et les Congolais constituent la grande majorité" Source Afrik.com

De mon côté je me sers du wax pour "africaniser" par petites touches mes tenues, j'aime mettre de ce tissu sur les revers de mes vêtements ou pour rapiécer un pantalon par exemple. De quoi mettre plus de couleurs dans ma garde robe!
De plus certaines nappes de la maison sont en wax et j'ai même fait recouvrir les matelas des transats! On peut tout faire, pour preuve les images ci-dessous!

Une nouvelle passion!









jeudi 10 mai 2012

Let's go to Bamako

Un petit aperçu de la capitale!



Cette vidéo a été faite par Inna Modja, chanteuse malienne faisant aujourd'hui carrière en France.

lundi 7 mai 2012

Enfants de la patrie

Le dimanche 6 mai nous permet de voir la Gauche repasser au pouvoir en France!

Mais pour qui les français du Mali ont-ils voté? (cliquez sur l'image pour agrandir)


Le taux d'abstention s'explique évidemment par les retours massifs de français au pays... Dommage, ils n'auront pas pu voter!


samedi 5 mai 2012

La situation au Mali

La situation au Mali ? Ce qui est fou c’est que le pays avait la réputation d’être un des plus stables d’Afrique et sans doute le plus accueillant. Pour la stabilité c’est raté, pour le reste…cela reste intacte.

Les problèmes principaux du Mali sont sa taille (1 341 000 km2) et sa situation géographique. Difficile de gouverner un Etat si grand sans moyens, d’autant plus quand la moitié du territoire est un désert et qu’il n’y a aucun accès à la mer!
Toutes les denrées ou presque viennent d’Abidjan et de Dakar, les deux grands ports commerciaux de la région. «La Côte d'Ivoire est le premier corridor par lequel le Mali s'approvisionne. Il contrôle, à lui tout seul, plus de la moitié du trafic des marchandises générales et d'hydrocarbures» [1]

La conséquence directe de cet état de fait est un prix à la consommation bien plus élevé au Mali que dans les pays limitrophes, et une dépendance accrue à la Côte d’Ivoire et au Sénégal.

Le Mali était / est alors le terreau rêvé d’une croissance des revendications politiques, sociales et religieuses…et de révolutions telles qu’on a pu en voir en 2011 au Moyen Orient et au Maghreb.

1.       Les Touaregs & leurs revendications
Les Touaregs sont des nomades, des hommes libres pour qui tracer des lignes dans le sable n’a pas de sens. Ils ont sensiblement les mêmes revendications dans tous les pays qu’ils traversent : ils veulent pouvoir circuler librement dans le Sahara, pouvoir perpétrer leur mode de vie et conserver leur culture.
         Comme souvent les populations nomades sont marginalisées (à l’instar des Roms en France) et les Touaregs du Mali n’échappent pas à la règle. Cette minorité a peu – voir pas du tout – été intégrée aux décisions politiques depuis l’indépendance du pays en 1960. « Il y a eu une première rébellion en 1960, puis en 1990. […] Les Touaregs estiment qu’ils n’ont pas la place qui leur revient au niveau politique et économique en terme de partage du pouvoir. Ils veulent être considérés comme des citoyens et cette reconnaissance passe par une décentralisation du pouvoir qui leur permettrait de gérer leurs affaires. Ils pensent que c’est la meilleure manière de désamorcer les tensions.»[2]



Le désir de reconnaissance des Touaregs ne trouvant écho au Mali par des moyens pacifiques...ils ont pris les armes et veulent faire de Tombouctou leur capitale.

2.       Tombouctou et sa région
         Tombouctou est un centre culturel majeur dans l’Islam, surnommée « la perle du désert », la ville fascine depuis des siècles.
Quand les musulmans étaient astronomes, médecins, scientifiques, musiciens…les européens vivaient alors en plein Moyen Age et n’avait rien à envier à l’Empire du Mali, alors l’un des plus prospère du Monde.
L’empire du Mali fut créé par Sundjata Keita en 1230. « S'étendant du fleuve Niger à l'Atlantique, l'Empire se situe sur les territoires actuels du Mali, du Niger, de Sénégambie, de Guinée et de Mauritanie. Grâce aux richesses en or, le pays prospère rapidement et […] va attirer de nombreux scientifiques de tout le monde arabe. Des universités se créent et permettent des avancées scientifiques majeures, surtout dans les domaines de l'arithmétique et de l'astronomie.
Les villes commerçantes de Tombouctou et Djenné, alors aux portes du Sahara, deviennent des centres culturels connus de tout l'Ancien Monde. En outre, les commerçants maliens exportent leurs produits le long de la Route de la Soie, en Arabie, en Inde et jusqu'en Chine. »[3]
Dotée de la prestigieuse université coranique de Sankoré, Tombouctou était aux XVe et XVIe siècles une capitale intellectuelle et spirituelle et un centre de propagation de l'islam en Afrique. Ses trois grandes mosquées (Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia) témoignent de son âge d'or.

La différence notable entre le Tombouctou traditionnel et le conflit actuel, est le passage par la force d’un « conservatisme » à un « extrémisme » par des groupes armés.

L'Histoire de Tombouctou nous aide à comprendre son importance aux yeux des indépendantistes. Elle est le symbole de l'islamisation de la sous région et de l'Age d'Or arabe, ce qui en fait une capitale parfaite.

Toutefois, la rébellion des "hommes bleus" n'aurait pas pris cette ampleur sans un détonateur. Et ce détonateur est incontestablement la crise libyenne.

3.       Kadhafi & le Mali
Kadhafi était un mécène particulièrement important au Mali, et y reste très populaire. Les sociétés libyennes ont investies des milliards dans le pays ; MALIBYA exploite ainsi plus de 100 000 hectares de terres tandis que les sociétés immobilières rachètent et rénovent les meilleurs hôtels de Bamako à l’instar de l’hôtel Amitié, du Mariatou Palace ou encore du Kempinsky Palace.
La preuve de sa popularité se voit encore sur les ‘Jakarta’ ces motos bon marché qu’on voit partout dans la capitale. En effet, comme à chaque malien sa Jakarta, il faut pouvoir la reconnaitre!! On voit donc très souvent des autocollants à l’effigie de Kadhafi apparaitre, l’ex-dictateur est même en bonne position pour détrôner Thomas Sankara[4] !!

Manifestation de soutien au régime de Kadhafi à Bamako
25/03/2011

Vous l’avez compris les liens entre la Libye et le Mali sont étroits.
Tellement étroits qu'à la suite du renversement du régime de Kadhafi, la donne à complétement changée. Le Mali perdait un partenaire essentiel de son développement et les armes des « révolutionnaires libyens » ont grassement alimenté la crise au Nord. Il ne fallait  plus qu'une goutte d'eau...

4.       Le vase déborde
Revendications indépendantistes, armes, destabilisation régionale et mercenaires font rarement bon ménage.
L’armée malienne avait déjà du mal à maitriser les tensions. Ces armes supplémentaires n’ont fait qu’aggraver la situation et le massacre de 70 soldats le 24 janvier 2012 n’a rien arrangé. Plus tard, on apprit que les militaires en question n’avaient pas de munitions et que les renforts qu’ils avaient appelés ne sont jamais arrivés à destination…faute de carburant (!).
Ces morts ont scandalisé l’opinion publique, et au lendemain du massacre, les mères des soldats tués ont organisé une grande manifestation à Bamako dans le but de faire réagir les politiques et d’affecter plus de moyens au règlement du 'problème du Nord'.
Amadou Toumani Touré (ATT) ne s’est jamais vraiment impliqué dans la résolution de ce conflit et est toujours resté passif voir laxiste. Il était difficile d’imaginer qu’il allait changer de politique à quelques mois de la fin de son mandat. « Laissons les problèmes aux prochains locataires du palais présidentiel » devait-il sans doute se dire.
Les revendications portées par les mères de famille ont trouvé échos chez les militaires, et le 21 mars ils ont demandé à être entendu. Manque de chance, ATT ne les a pas pris au sérieux et ne leur a pas proposé d'alternative. Le coup d’Etat à presque été improvisé, les militaires de la base de Kati n’ont pas supporté l’affront d’ATT et ont renversé le pouvoir…

5.       La situation actuelle
Aujourd’hui la vie à Bamako est calme,  à la différence près que la population sort moins le soir. La rue « Bla Bla », où l’ambiance est d’habitude des plus festives, s’est vidée et les restaurants / hôtels ferment les uns après les autres. Etrangement il n’y a pas trop de touristes ces temps-ci (!) et toute cette frange de l’économie s’écroule visiblement.
Les sorties sont limitées et pour cause, des militaires coupent les routes à l’improviste à partir de 19/20h et fouillent les voitures à la recherche de ‘dissidents’. Ces deux dernières semaines nous nous sommes faits systématiquement arrêtés dès que nous sortions en voiture la nuit tombée, avec au programme contrôle des papiers du véhicule et des titres de séjour. Nous n’avons pas eu de problème ; généralement un sourire, une blague et (accessoirement) un petit billet suffisent à calmer les ardeurs.

Toutefois nous avons eu vent de tirs sur des voitures qui ne s’étaient pas arrêtées aux barrages, prudence donc.

Idem, des militaires sont postés devant l’école pour protéger les enfants « au cas où ». Bon, en l’occurrence ces hommes en Rangers sont plus là pour boire du thé, mais cela montre un vrai changement d’état d’esprit dans la ville.
En conclusion nous pouvons dire que nous n’avons jamais été en danger depuis le coup d’Etat, les militaires ont des objectifs clairs et ne cherchent à arrêter que les proches de l’ancien gouvernement. Il est cependant évident qu’ils veulent montrer au bamakois qu’ils contrôlent la ville et que le Mali a pris un tournant…
Affiche d'un artiste anonyme présente un peu partout dans Bamako

Sources :
·         Le Temps, Rubrique « L’avis de l’expert » paru le  24/04/2012  - « La rébellion touareg du Mali au-delà des clichés » par André Chappatte
·         Site Internet officiel de l’UNESCO, page consacrée à la ville de Tombouctou http://whc.unesco.org/fr/list/119
·         Article du Slate Afrique paru le 27/04/2012 – « Mali : qui sont les Touaregs noirs ? »  par Fabien Offner. http://www.slateafrique.com/86405/qui-sont-les-touaregs-noirs-mali-mnla






[2] Se référer à l’article paru le 31/07/2007 dans Afrik.com http://www.afrik.com/article12377.html
[4] Thomas Sankara a dirigé le Burkina Faso de 1983 jusqu’à son assassinat en 1987 . On l’appel de « Che » africain puisqu’il s’est fermement opposé à l’influence occidentale et à la France-à-fric. Il est devenu depuis une icône de la lutte contre la corruption et de la lutte contre la pauvreté. http://www.thomassankara.net/